Une peinture, miroir magique où se reflète l'imaginaire
Elie Bourgély au Centre culturel français
SOUS LE TITRE "THOT'THÈMES", LE CENTRE CULTUREL FRANÇAIS - BEYROUTH ORGANISE UNE EXPOSITION DES DERNIÈRES OEUVRES DE ELIE BOURGÉLY.
L'Attaché culturel de l'ambassade de France, M. Bernard Banos Robles a présenté l'artiste en ces termes: "Ce qui surprend au premier regard, c'est la brutalité, cette évocation de l'art brut des grands formats avec l'incroyable délicatesse des petites formes, ce qui laisse supposer que sommeillent en cet homme autant de personnalités qui se dissimulent derrière les totems et les personnages énigmatiques qui peuplent cette exposition...
Geste libéré mais toujours retenu, palette de couleurs qui ose, mais sans excès inutiles, rigueur de la composition, autant de contradictions apparentes qui font une œuvre à la fois tendre et forte, vigoureuse et fragile, cohérente, maîtrisée et exigeante".
MÉLANGE PARTICULIER DE RIGUEUR ET DE SPONTANÉITÉ
Elie Bourgély ne cherche pas à plaire, mais à être authentique, c'est-à-dire à proposer, à travers ses réalisations, des éléments de réflexion à partir de totems figurant de multiples symboles de l'être humain.
Sa peinture est une sorte de miroir magique où se reflète son imaginaire.
Dans son univers, rien n'est jamais figé, ni définitif. Ainsi, les personnages éléments espaces qu'il peint, paraissent, à la fois, réels et irréels.
Sa peinture est une science du compromis, une alternance entre dessin précis et graphisme fébrile, gestuelle débridée et touches précises, couleurs dures et teintes tendres... Les tableaux recèlent, dans ces constantes oppositions, une dynamique certaine qui fait d'eux des œuvres toniques. Contrairement à certains artistes qui utilisent la superposition des tons, il travaille dans une sorte de mouvement organique qui fait que les couleurs s'imbriquent et s'interpénètrent, provoquant, à la fois, des oppositions et des complémentarités où la gestuelle s'oppose aux silences.
Il pense ses compositions, essayant d'éluder le hasard, travaillant sans relâche pour retrouver le geste spontané qui apportera, d'un seul coup, la délivrance de l'artiste. Ses œuvres allient l'homme et l'univers, le geste et la parole. Lorsque l'on observe les œuvres exposées au CCF, on peut avoir une impression de facilité et de rapidité d'exécution, alors qu'il n'en est rien. Chaque tableau est le résultat d'une élaboration minutieuse, du temps nécessaire et indispensable permettant aux éléments de s'organiser et aux idées de se concrétiser au moyen du langage de l'image. C'est un peu comme si, après un long brassage, tout se déposait en même temps sur le support. Alors, l'osmose et l'unité fécondent les différents éléments en présence et ainsi l'œuvre est créée.
Elie Bourgély est un peintre à la gravité émotionnelle intense et à la technique assurée, lui permettant de jongler avec les idées qui l'habitent. Tout se passe comme s'il réussit à saisir, à leur source, certaines forces primordiales; il crée et matérialise son propre monde pictural. Un mélange particulier de rigueur, de spontanéité, d'expression et de contrôle logique de ses émotions, fait tout l'intérêt de son couvre.
Sa production ne s'épuise pas dans une imagerie commune, mais continue à sonder un art vers lequel il s'est tourné sans se leurrer.
Nicole Malhamé Harfouche
La Revue du Liban / 29 mars - 5 avril 2008